Parfois, l’impression d’avoir pris une longueur d’avance s’évapore en un clin d’œil. On croyait avoir fait le bon choix, la sécurité d’un modèle Euro 6 tout juste sorti du concessionnaire, et voilà déjà la menace de nouvelles restrictions qui plane. La ligne de démarcation entre « propre » et « banni » se déplace plus vite que le marché ne s’adapte. Alors, faut-il craindre un nouveau bras de fer sur les routes, ou la norme Euro 6 va-t-elle se retrouver reléguée au rang des souvenirs précaires ?
Plan de l'article
- Euro 6 : où en est-on réellement avec les restrictions ?
- Les ZFE vont-elles changer la donne pour les propriétaires de véhicules Euro 6 ?
- Ce que prévoient les prochaines années : calendrier, incertitudes et évolutions possibles
- Faut-il anticiper un remplacement ou miser sur la durée de vie de son Euro 6 ?
Euro 6 : où en est-on réellement avec les restrictions ?
Adoptée en 2015, la norme Euro 6 était censée offrir un répit aux constructeurs et aux acheteurs, la promesse d’un véhicule conforme sur la durée. Mais la réalité s’avère nettement moins rassurante. Grâce aux vignettes Crit’Air, chaque voiture se voit attribuer un statut, et la plupart des Euro 6 héritent d’une Crit’Air 2 : ni blacklistés, ni tout à fait en odeur de sainteté. Une zone grise, mouvante, où le sursis a des allures de compte à rebours.
A lire aussi : Collection de voitures : Quel âge idéal pour en faire une voiture de collection ?
Depuis janvier 2024, les diesels Crit’Air 4 (précédant 2006) et Crit’Air 5 (d’avant 2001) n’ont plus droit de cité dans les zones à faibles émissions (ZFE). L’an prochain, ce sera au tour des Crit’Air 3 : diesels d’avant 2011, essences d’avant 2006. Les Euro 6, pour l’instant, échappent à la vague, mais la tempête Euro 7 se profile pour 2025, avec un durcissement net des seuils d’émissions. La Commission européenne veille au grain, exigeant que les chiffres soient respectés non seulement en laboratoire, mais aussi sur la route, en conditions réelles.
- La version Euro 6d Full, arrivée en 2021, a déjà eu raison de nombreux petits modèles diesel, sacrifiés sur l’autel de la conformité.
- Les industriels font le dos rond, s’adaptent, mais le flou demeure : à quelles échéances, dans quelles villes les interdictions vont-elles s’étendre ?
La France, condamnée par le Conseil d’État pour ses dépassements en matière de pollution, n’a plus le luxe d’attendre. Les restrictions supplémentaires paraissent inévitables. Pour les possesseurs d’Euro 6, essence ou diesel, le message est clair : la stabilité n’est plus qu’un souvenir. Il va falloir composer avec des règles mouvantes, parfois abruptes.
A lire en complément : Pourquoi lustrer sa voiture ?
Les ZFE vont-elles changer la donne pour les propriétaires de véhicules Euro 6 ?
La zone à faibles émissions (ZFE) chamboule la donne, surtout pour ceux qui pensaient encore bénéficier d’un sursis. À Paris, Lyon, Grenoble, les interdictions avancent à marche forcée. Les Crit’Air 3, 4 et 5 sont déjà hors-jeu ou sur le point de l’être. Pour les Euro 6 – souvent classés Crit’Air 2 –, le répit est réel mais fragile : la pression monte, les délais raccourcissent.
La loi d’orientation des mobilités (LOM) a étendu le dispositif à la quasi-totalité des grandes villes, remplaçant les anciennes zones à circulation restreinte. L’objectif ? Gagner en qualité de l’air, limiter les risques sanitaires liés aux émissions. Mais chaque collectivité adapte la riposte à sa manière. Certaines foncent, d’autres temporisent, soucieuses de l’impact sur l’économie locale.
- Les véhicules de secours, de police, mais aussi les voitures de collection de plus de 30 ans, sont épargnés par les interdictions.
- Certains professionnels disposent encore de dérogations temporaires, une soupape dans ce paysage contraint.
Pour les détenteurs d’Euro 6, le jeu consiste à surveiller les annonces des villes, à tenter d’anticiper les virages réglementaires. Les ZFE, loin d’être uniformes, s’inventent à mesure, chacune à son rythme. Paris et le Grand Paris veulent interdire les Crit’Air 2 dès 2024-2025, Grenoble suit pour les utilitaires. Ailleurs, la feuille de route reste floue. Résultat : personne ne peut prédire combien de temps un Euro 6 restera toléré en centre-ville.
Ce que prévoient les prochaines années : calendrier, incertitudes et évolutions possibles
Le compte à rebours s’accélère pour les propriétaires d’Euro 6. À Paris, la métropole planche sur une interdiction des Crit’Air 2 dès 2024 ; Grenoble vise les utilitaires Euro 6 pour juillet 2025. Derrière ces décisions, le rouleau compresseur européen : l’Union a tranché, la vente de véhicules thermiques s’arrêtera en 2035, la France vise 2040. Et les Britanniques, jamais en retard d’une provocation, misent sur 2030.
Zone | Interdiction Crit’Air 2 | Ventes thermiques stoppées |
---|---|---|
Grand Paris | 2024 | 2035 (UE) / 2040 (France) |
Grenoble | 2025 (utilitaires) | 2035 (UE) / 2040 (France) |
Royaume-Uni | – | 2030 |
L’ombre de la norme Euro 7 plane déjà sur 2025. Plus stricte, elle risque de pousser de nombreux constructeurs à électrifier la plupart de leurs modèles, voire à abandonner certaines gammes thermiques. Les industriels tâtonnent, entre incertitude sur les calendriers et pression judiciaire : la France, rappelée à l’ordre pour ses excès de pollution, risque de lourdes amendes européennes en cas de retard.
- La norme Euro 6d Full a déjà été fatale aux petits diesels, disparus du catalogue faute de pouvoir s’aligner sur les seuils.
- Les ZFE, modelées selon chaque territoire, entretiennent l’incertitude sur la longévité des Euro 6 en ville.
Face à l’accélération de la transition écologique et à la cascade de réglementations, posséder un Euro 6 devient un pari. Mieux vaut suivre de près les évolutions, sous peine de se retrouver, du jour au lendemain, hors-jeu.
Faut-il anticiper un remplacement ou miser sur la durée de vie de son Euro 6 ?
La décision n’a rien d’évident. Faut-il céder à la pression et dire adieu à son Euro 6 ? Ou miser sur un sursis, en espérant que les restrictions ne s’accélèrent pas partout à la même vitesse ? Pour l’instant, la vignette Crit’Air 2 autorise encore la circulation dans la plupart des villes, mais la fenêtre se referme. Paris et le Grand Paris prévoient d’interdire les Crit’Air 2 dès 2024, Grenoble à partir de 2025 pour les utilitaires, et d’autres métropoles pourraient bien leur emboîter le pas, dans le sillage de la loi climat et résilience.
Ceux qui veulent prendre les devants n’ont pas tant d’options :
- Utiliser la prime à la conversion ou le bonus écologique pour changer de véhicule, viser une Crit’Air 1, une hybride ou une électrique, neuve ou d’occasion.
- Passer au LPG (gaz) sur un modèle essence compatible, pour décrocher une Crit’Air 1 à moindres frais.
- Explorer la mobilité partagée : covoiturage, transports en commun, location longue durée.
La piste du bioéthanol (E85) revient souvent dans les discussions, mais elle ne modifie pas la classification Crit’Air à ce jour. Le futur des Euro 6 demeure suspendu aux choix des collectivités et à la pression européenne. Les dérogations sont rares et ciblées : véhicules de service public, de collection, ou certaines professions.
Pour les propriétaires de diesel, la vigilance est de mise : les ZFE s’étendent, les marges de manœuvre rétrécissent. Les modèles essence Euro 6, plus récents, offrent encore quelques années de tranquillité, mais rien n’est écrit. Au fond, tout se joue sur une équation : calendrier local, usages quotidiens et volonté de s’adapter ou de résister. Le prochain virage, lui, ne préviendra pas avant de serrer la corde.