Un abattement de 92 % sur les revenus issus de la location meublée, réservé à certaines locations de tourisme, marque une rupture avec les pratiques antérieures. Cette mesure, prévue pour 2025, ne concerne qu’une catégorie précise de biens et exclut la majorité des locations de courte durée classiques.
Cette évolution du régime fiscal s’accompagne de nouvelles obligations déclaratives et modifie en profondeur le calcul de l’imposition. Le statut LMNP, traditionnellement attractif, se trouve ainsi redéfini, avec des implications concrètes pour les investisseurs et propriétaires concernés par ces nouvelles règles.
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Ce qui change pour la location meublée en 2025 : panorama des nouvelles règles fiscales
Le paysage fiscal de la location meublée connaît un véritable bouleversement avec la loi de finances 2025. Le dispositif du micro BIC, longtemps apprécié pour sa simplicité et sa souplesse, prend un virage : les abattements forfaitaires de 50 % ou 71 % ne sont plus la norme pour tous. Un abattement de 92 % fait son apparition, et il ne bénéficie qu’aux meublés de tourisme classés, selon des conditions précises. Pour les autres, la donne change : la location meublée classique, qu’elle relève du statut LMNP ou du régime micro BIC, se heurte à un régime plus exigeant et moins avantageux.
Pour s’y retrouver, les propriétaires doivent désormais opérer une distinction claire entre deux catégories de biens :
- Meublé de tourisme classé : l’abattement de 92 % s’applique uniquement si le logement décroche la classification officielle et qu’il ne se trouve pas en zone tendue.
- Location meublée classique : le taux d’abattement revient à 50 %, avec parfois une obligation de passer au régime réel si le montant des recettes dépasse certains seuils.
Ce nouveau découpage influe directement sur l’assiette de l’impôt sur le revenu pour les revenus locatifs issus de la location meublée. La frontière entre location meublée non professionnelle et professionnelle (LMNP/LMP) gagne en clarté. Le BIC (bénéfices industriels et commerciaux) reste le cadre d’imposition, mais avec des règles plus strictes, qui exigent une gestion rigoureuse et une parfaite connaissance des dispositifs.
Les bailleurs sont désormais invités à anticiper les effets de ces nouveaux seuils pour déterminer l’option fiscale la plus adaptée : régime micro BIC ou régime réel. Conséquence directe : la déclaration, le calcul des charges, la gestion de l’amortissement et les obligations de transparence deviennent des points de vigilance. Par ailleurs, le législateur renforce son arsenal de contrôles, notamment autour des locations meublées de tourisme, et cible davantage les pratiques abusives.
Abattement de 92 % : à qui s’adresse-t-il et dans quelles conditions l’appliquer ?
Le nouvel abattement de 92 % cible une catégorie bien identifiée de bailleurs : ceux qui louent un meublé de tourisme classé. Ce classement, attribué par un organisme certifié, distingue ces logements par leur niveau de confort et d’équipement, nettement au-dessus de la location meublée standard.
Pour bénéficier de ce micro BIC exceptionnel, plusieurs critères doivent être réunis : le logement doit être destiné à la location de courte durée, avoir obtenu la classification officielle, et se situer hors des zones tendues où la pression sur le marché locatif est forte. Seuls les loueurs en meublé non professionnels (LMNP) et professionnels (LMP) qui respectent l’ensemble de ces exigences peuvent prétendre à cette déduction forfaitaire sans précédent. Les autres biens, qu’ils ne soient pas classés ou qu’ils servent de résidence principale, restent soumis à l’abattement classique de 50 %.
Ce dispositif s’applique directement sur les recettes brutes issues de la location meublée de tourisme, avec un objectif assumé : structurer le secteur et limiter la concurrence vis-à-vis de l’hôtellerie traditionnelle. Attention cependant, le régime reste plafonné : au-delà de 15 000 euros de recettes annuelles, l’accès au micro BIC se ferme, et le bailleur passe automatiquement au régime réel. Ce changement implique une gestion comptable approfondie et une attention particulière aux charges déductibles.
En réservant le micro BIC à 92 % aux meublés de tourisme classés, la loi redéfinit les règles du jeu pour la location meublée en 2025. Chaque loueur doit désormais arbitrer en tenant compte de la localisation du bien, de son classement, et du profil de sa clientèle, pour choisir entre simplicité administrative et optimisation fiscale potentielle.
Quel impact sur l’imposition des loyers et le statut LMNP ?
Le statut LMNP s’offre un nouveau visage avec l’introduction de l’abattement de 92 %. Jusqu’ici, la location meublée non professionnelle profitait d’un abattement de 50 % sous le régime micro BIC. Désormais, pour les meublés de tourisme classés, la déduction grimpe à 92 % sur les revenus locatifs, réduisant la base imposable à presque rien.
Concrètement, l’impôt sur le revenu diminue fortement. Un bailleur, qu’il soit professionnel ou non, ne voit intégrer à son revenu imposable que 8 % des recettes. Prenons un exemple : pour 12 000 euros de loyers annuels perçus, seuls 960 euros sont soumis à l’impôt, avant application du barème progressif et des prélèvements sociaux.
Ce nouveau mécanisme oblige à choisir entre la simplicité d’une fiscalité forfaitaire et la possibilité offerte par le régime réel de déduire les charges réelles et d’amortir le bien. Mais ce choix n’est pas neutre : le régime réel suppose une gestion comptable rigoureuse, souvent confiée à un expert-comptable, ce qui peut représenter un frein pour certains particuliers. Pour les investisseurs détenant des biens à forte charge ou souhaitant développer un patrimoine locatif conséquent, la question mérite réflexion.
Le régime micro BIC garde tout son attrait pour les bailleurs privilégiant la simplicité et la rapidité de déclaration, avec une visibilité immédiate sur leur fiscalité. Mais la réforme redistribue les cartes et impose de repenser la gestion des locations meublées, que l’on soit sous statut LMNP ou professionnel soumis au BIC régime réel.
2025 ne sera pas une année comme les autres pour les propriétaires de meublés : l’abattement à 92 % s’impose comme une opportunité à saisir… ou un défi à relever, selon la nature du bien et les choix de gestion. Pour certains, ce sera le signal d’un repositionnement. Pour d’autres, la preuve que la réglementation fiscale n’a pas dit son dernier mot.


